Prayvis est une planète abandonnée de toute personne saine d'esprit. Il y règne un Chaos sans précédent depuis 120 ans
 
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 Nicotiana tabacum [Alistair]

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Dame des Ronces


Dame des Ronces

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MessageSujet: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptyLun 2 Fév - 20:27

Les yeux de ma cliente sont rivés sur le vide. Tout son visage se pince sous l’intensité de sa réflexion, de ses lèvres gercées jusqu’à la peau de son front.
 
« Tout de même, c’est cher payé pour une pommade. »
 
Un rire s’échappe de ma gorge sans que je puisse le retenir. C’est un son enroué, comme le grésillement d’une bande magnétique ou le cri moqueur d’un corbeau. Cher payé pour une pommade. Ah, ils se sont vraiment passé le mot pour m’emmerder ce soir…
J’essuie du bout de l’ongle une larme qui perle au coin de mon œil gauche – je travaille des substances volatiles depuis deux jours, j’ai le canal lacrymal un peu émotif – et je me penche sur le comptoir pour intercepter son regard.
 
« Si c’est vraiment trop cher pour vous, madame… hm.»
 
Merde. Je suis pratiquement sûre que je connais son nom, mais là, allez savoir, ça ne vient pas. C’est dingue, pourtant c’est une de mes clientes les plus régulières. Elle vient pratiquement tous les mois pour ses problèmes de muqueuses…

Devant mon hésitation, elle s’offusque une seconde, avant de répondre pour moi.
 
 « Beaupied. Pénélope Beaupied. »
 
Voilà ! Les vaginites de Pénélope Beaupied. Comment est-ce que j’ai bien pu oublier ça ! Il faut que je me calme sur les cannabinoïdes ou que je démarre un carnet d’adresse. Ça devient problématique, cette mémoire sélective des noms. Enfin peu importe. J’explique donc à Pénélope que si elle n’est pas satisfaite de mes services, elle peut très bien aller chercher elle-même ses saletés de plants d’Alchémille et en extraire l’essence de ses petites mains d’oie blanche. Qu’elle fasse simplement attention à ne pas se tromper d’espèce, car il y en a plus d’une vingtaine rien que dans la région, et que ses muqueuses vaginales risquent de ne pas apprécier la plupart d’entre-elles.

Enfin, en réalité la réponse que je lui donne est bien plus courtoise et pédagogue. Le tout lancé sur la voix monocorde que je réserve à mes clients les plus irritants. La mère Beaupied, si elle se renfrogne – sans doute à l’idée de se coller par inadvertance de la purée d’orties extraterrestres dans le fondement – finit par lâcher prise et dépose enfin sur le comptoir le paiement tant attendu.
 
J’empoche sans broncher d’avantage le paquet de cigarillos, vérifiant rapidement son contenu avant de délivrer mes mixtures. L’autre commence à s’impatienter mais ne dit rien. J’aime à penser que la seule chose qui la retient de faire une scène, c’est l’idée de repartir chez elle avec un feu follet entre les jambes. Cela fait partie des pouvoirs étranges que ma position me confère sur autrui, et cela m’amuse grandement.
 
Finalement je lui remets deux flacons. Le plus large contenant l’onguent pour ses irritations, et le second, plus mince, rempli de quelques centilitres d’un Laudanum maison pour les insomnies de son fils.
 
« D’ailleurs, si ça persiste, envoyez le donc chez moi pour une nuit ou deux. J’ai fait quelques ajustements sur la recette et je serais ravie de pouvoir en observer les effets. »

Ah une bonne vieille étude de sommeil. Ça fait longtemps que je ne me suis pas accordée ce plaisir-là. La Mère Beaupied, elle, se contente de pâlir, insensible à mon émotion soudaine. Sans même oser répondre à ma proposition, elle serre ses achats contre sa poitrine et se presse hors de mon échoppe plus vite encore qu’elle n’y était entrée.
Je soupire.
 
« J’aurais essayé… »
 
Ressortant les cigarillos de ma poche, je contemple l’idée d’aller faire une pause pour en fumer un devant la boutique.
Je m’interdis de fumer quoi que ce soit à l’intérieur du magasin parce que ça pourrait gêner les plantes. Pas qu’elles soient particulièrement fragiles – les plantes de Prayvis l’étaient rarement – mais ça pouvait rendre certaines d’entre elles… sinon caractérielles, au moins nerveuses. Et personne n’a envie de se trouver dans une boutique  dont le système de sécurité végétal est un brin nerveux.
Du bout des doigts, je gratte le tabac qui s’échappe aux extrémités. Mmm. Du vrai tabac. Pas la merde qui pousse ici et qui a un affreux arrière-goût de sous-vêtements usagés…  

Si un jour je mets la main sur un véritable plant de tabac colonial, je tenterai des croisements pour essayer d’obtenir quelque chose de correct. En attendant, je dois me reposer sur la contrebande.
 
La cloche de l’entrée me tire de ma réflexion, coupant court au débat en session. L’imposante silhouette qui franchit le pas de ma porte me semble familière, mais comme à son habitude ma mémoire est longue à la détente…
 
« Oh hey… eum. »
 
J’interroge mon hippocampe sans trop d’espoir. Celui-ci se contente de me fournir un ‘oui tu sais, ce mec qui vient une fois l’an te ramener des plantes sympa’ suivi d’un ‘avec les pouvoirs louches’.
Pas grand-chose d’utile, en somme. Du coup je fais avec les moyens du bord.
 
« Bonsoir ! »
 
Bien rattrapé. Avec un peu de chance il n’y a vu que du feu.  Enfin je doute que lui se souvienne de mon nom, mais il a l’avantage de pouvoir tricher en regardant ma devanture. Enfin. Je lui fais signe de s’approcher, reposant à contrecœur les cigarillos au fond de leur tiroir.
 

Une autre fois mes chéris...
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Alistair


Alistair

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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptyLun 2 Fév - 20:58

- urgh... Bordel.

Alistair n'a jamais été dans un bordel. Il ne pourrait même pas dire où en trouver un à LAGO city (pourtant, il y en a plusieurs). Mais le juron sort naturellement, alors qu'on lui plante un couteau dans le ventre.
Il n'avait rien demandé à personne. Dans l'une de ses sacoches, il avait des plantes qui poussent à une demi-journée de sa grotte. Pour une fille un peu spéciale qui les collectionne et revend.

Alors que son corps s'efforce de stopper l'hémorragie, il sort sa propre lame pour la planter dans la gorge de son agresseur. Un mec à l'apparence tout aussi louche que la sienne, tatoué, armé, cherchant à dépouiller quelqu'un. Mauvais choix. Un voyageur isolé est ce dont il faut se méfier. Il n'est pas isolé pour rien, généralement.

Mais tuer un type en pleine rue passe encore. Le manger, c'est la chose à éviter et Alistair n'a pas de fiole de sang sur lui pour boire vite un coup. Il puise donc dans ses propres forces pour ressouder ses organes vitaux, sans s'arrêter de marcher. La boutique n'est pas très loin. Il sort le couteau de son abdomen, le lèche scrupuleusement et sent son corps s'auto-digérer à la recherche d'énergie nécessaire pour lui éviter une mort certaine. Tomber dans les pommes dans l'un des couloirs glauques de LAGO city, c'est vraiment pas terrible comme plan. Jamais dormir parmi les gens. Toujours seul. Eviter les inconnus.

C'est inutile. S'il savait compter correctement, Alistair pourrait dire avec précision dans combien de temps il s'effondrerait. Là, ça se résume à "pas beaucoup". Il presse alors le pas pour atteindre la boutique. La lame, brillante de salive, lui tombe des mains alors qu'il cherche à détacher sa sacoche. Il s'appuie sur la porte de tout son poids pour l'ouvrir. La présence d'esprit de la fermer lui manque.

- Pour toi. Le murmure grave lui échappe alors qu'il fait encore quelques pas vers la Dame des Ronces.

Sa blessure est complètement refermée, mais tout son corps s'engourdit. Il doit se reposer, il ne peut faire autrement. La main qui recouvrait la plaie pend maintenant mollement au bout du bras, immobile.

- Je dois dormir. Il hocha la tête, alors que ses yeux se ferment lentement. Un peu.

Et il s'effondre au milieu de la boutique, basculant dans un sommeil réparateur. Sa dernière pensée est qu'il aura faim en se réveillant, d'ici quelques heures. C'est probablement le vide de son estomac qui le réveillera d'ailleurs.
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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptyLun 2 Fév - 22:03

Je regarde le type s’effondrer au milieu de ma boutique, et la première chose qui traverse mon esprit c’est le soulagement de ne pas avoir à retrouver son nom. Ensuite viennent les quelques secondes de panique ‘oh merde un mec vient de crever devant mon comptoir’, suivies de la gênante mais nécessaire question morbide : 'Okay mais est-ce que j’aurais des problèmes si je récupère le corps?.'
Et puis mon cerveau se décide enfin à faire le lien entre les dernières paroles de mon visiteur et sa soudaine retraite stratégique vers le parquet de mon échoppe.
Ce n’est donc pas un cadavre qui trône entre mes étals mais bien un homme vivant, ronflant comme un bienheureux. L’inquiétude fait place au soulagement, qui lui-même se dilue dans une excitation discrète. S’il suffit que je me languisse de mes comateux pour que des types viennent se jeter endormis à mes pieds, je vais me languir plus souvent…
 
C’est donc d’un pas léger que je contourne mon comptoir. J’enjambe le corps pour aller fermer la porte, et en profite pour retourner le panonceau qui précise que la boutique est maintenant fermée. Puis j’entreprends de rapatrier mon bel endormi jusque dans l’arrière-boutique, tâche relativement complexe vu nos gabarits respectifs mais vous apprendrez qu’il ne faut jamais sous-estimer mon enthousiasme lorsqu’il s’agit de pouvoir veiller au sommeil d’autrui.  Heureusement, le chemin est court et le sol est ciré. Je mets donc du cœur à la tâche, ne m’arrêtant que pour réprimander d’un spray répulsif les clématites un peu trop curieuses qui commençaient à s’aventurer dans mes pattes.
 
Comme il est hors de question de soulever l’animal, je lui aménage une niche entre mon armoire à mortiers et mes plants d’Armoise grise. Je lui cale la tête avec une blouse propre, baisse les lumières et retourne un moment à ma boutique pour finir de clôturer les lieux.
 
Je prends une seconde pour étudier le contenu de la sacoche, et en tire deux magnifiques plants de Nepenthes northiana. Mon cœur bats un peu plus vite pendant quelques secondes tant leurs couleur est magnifique. Bien évidemment, avec le voyage qu’elles ont fait, les pauvres chéries ne sont probablement plus en état d’être rempotés mais vu la qualité des fleurs il est possible que je puisse encore en faire quelque chose. Je les mets rapidement au froid et me promet de m’en occuper à la première heure demain matin.
 
« Bon. A toi mon bel endormi. »
 
Je vérifie sa respiration, ainsi que son rythme cardiaque, histoire de m’assurer qu’il ne s’est rien abîmé d’essentiel en tombant. Même si les individus comme lui ont la réputation d’être coriaces, à voir celui-là tomber comme une mouche il vaut mieux vérifier. Être prudent n’est pas un crime après tout. Et puis si je laisse mon stéthoscope s’attarder quelques minutes pour me perdre dans les battements d’un cœur au ralenti, c’est uniquement par conscience professionnelle. Hm.


Je le regarde dormir un bon quart d’heure, adossée à une armoire, avant de consentir à me relever. J’ai encore des choses à préparer si je veux pouvoir le payer à son réveil.
Mon vieil agitateur à balancier a un peu pris la poussière depuis la dernière fois, mais il ronronne comme au premier jour à peine relié au secteur. Il ne me reste plus qu’une poche de vide, il faudra que je pense à me réapprovisionner. Je fais un mémo dans un coin de ma tête tout en préparant mon artillerie. D’ordinaire je me poserait sur une chaise, mais comme je me refuse à laisser mon hôte seul avec lui-même, j’installe tout sur le sol et me cale de nouveau contre le bois de l’armoire.

Le reste est presque trop routinier pour être tout à fait sain. Du nettoyage au garrot, jusqu’à la quête interminable pour trouver un coin de veine pas trop abîmé. Je mets en route le balancier et le reste  n’est plus qu’une longue attente, occupée par la respiration de mon endormi et la vibration douce de la machine contre le carrelage. Parfois je me perds dans la contemplation de mon propre sang, qui s’échappe paresseusement pour aller tanguer dans la poche de plastique, parfois je me contente d’observer les mouvements réguliers de la cage thoracique de l’homme qui dort.

C’est une belle fin de journée ça, messieurs dame. Je pourrais presque m’en assoupir moi-même – l’agitateur, équipé d’une balance, signale d’un bipe particulièrement sonore lorsque l’extraction est terminée -  mais il parait que c’est déconseillé quand on donne son sang.

Bah, qu’importe. A la place, je regarde palpiter la jugulaire de mon voisin, songeant vaguement aux deux Nepenthes qu’il m’a apporté, et qui doivent à l’heure qu’il est dormir aussi paisiblement que leur cueilleur.


Belle fin de journée en effet…
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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptyMar 3 Fév - 18:22

Le sommeil avait été profond.

Alistair avait dormi plusieurs heures, sans rêver. Ca n'était pas une fonction naturelle, mais un entretien de la machine de son corps. Poussé trop près des frontières de son endurance, l'organisme du modeleur avait décrété la loi martiale et fait son travail pour réparer les dégâts, quitte à mettre en veille les fonctions moins indispensables.

Il finit cependant par se réveiller, endolori de partout. Une crampe dans pratiquement chaque muscle et seulement un vague souvenir de la raison de son état. Sans parler des détails tels que "mais où suis-je ?"

Un grognement échappa de la gorge sèche, en passant par une bouche quelque peu pâteuse. A grand peine, Alistair ouvrit les yeux pour regarder autour. Le décor, d'abord flou, se solidifia comme si la bande passante du cerveau était surchargée d'informations. C'était probablement le cas. L'odeur de sang versé lui parvint et il s'anima un peu plus, essayant de se relever.

- Mhhghmmm... Le sorcier marmonna quelque chose qui, dans l'intention, se devait d'être une injure. Finalement, il n'eut l'air que d'un gros ours mal réveillé. Et encore, l'effet était surtout accentué par les couches de vêtements sombres et disparates qu'Alistair avait l'habitude de porter.

Un visage vaguement familier se manifesta dans son champ de vision et il commença à reconstituer son parcours depuis l'arbre dans lequel il avait passé la nuit précédente. Puis son chemin jusqu'à LAGO city... La boutique de la Dame. Ah et le coup de couteau entre les deux.

Il tâta son flanc jusqu'à trouver les trous dans les chemises et autres manteaux. Ses doigts arrivèrent jusqu'à la peau qu'il toucha sans crainte. C'était un réflexe idiot. Ses sens lui indiquaient clairement qu'il n'avait rien à craindre de sa blessure. Il était capable de sentir n'importe quelle anomalie dans ses tissus.

Alistair secoua la tête. Sa nuque lui faisait mal, comme le reste de son corps. Il plissa les yeux pour les forcer à lui rapporter une image plus nette de la femme qui se tenait là.

- Salut.

Oui, ça semblait juste. C'était ça que les gens disaient souvent à d'autres gens. Quelques coups d'oeil autour de lui lui donnèrent le temps d'élaborer sa réplique suivante.

- Merci. Pour la place où dormir.
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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptyMar 3 Fév - 19:12

Le grognement me tire de ma somnolence, et je jetai un coup d’œil rapide en direction de mon invité. Je le regardai se débattre dans ses premières secondes d’éveil, le regard encore vitreux d’un sommeil particulièrement profond.  Je ne sais si c’est la soudaine vulnérabilité, ou le regard d’enfant perdu qui est si propre à ces moments-là, mais c’est probablement la partie que je préfère lorsque j’observe les gens dormir.
Mon inconnu n’échappe pas à la règle et alors qu’il peine à retrouver ses repères, je l’accueille d’un sourire dans le monde des vivants.

« Salut. »

Une réponse décalée d’une bonne heure, mais qui m’arrache tout de même  un éclat de rire. Le son en est léger, couvrant à peine les vibrations de la machine qui arrive, doucement et bruyament, au bout de sa peine.

« Merci. Pour la place où dormir. »

Je balaye l’air avec la main qui n’est pas reliée à la tuyauterie, en signe que son intrusion dans ma journée n’était pas un problème pour moi.

« C’était la moindre des choses. » J’hésite une seconde, pesant le pour et le contre, avant d’ajouter ; « Je te dirais bien de ne pas en faire une habitude, mais pour être honnête j’apprécie la compagnie des gens qui dorment, alors je n’en ferai rien. » sur un ton qui se veut détaché.

Je ne suis pas quelqu’un de particulièrement subtile. Les relations humaines sont pour moi une science dont je ne maîtrise pas toutes les bases, et encore moins les mécanismes plus sophistiqués. Comme je ne trouve pas de moyen ‘acceptable’ de lui proposer de répéter l’expérience à l’occasion, je finis par abandonner en passant ma main libre dans la masse de mes cheveux.
Comme pour me sauver préventivement d’un potentiel silence gênant, mon agitateur en bout de course choisit cet instant pour se manifester. Sifflant du souffle des vaincus que l’opération est terminée, il s’immobilise dans un toussotement et repart vers un sommeil amplement mérité. Je débranche mon petit montage avec précipitation, heureuse de pouvoir enfin désengourdir mon bras droit.
Puis j’attrape la poche encore tiède du bout des doigts de ma main gauche, et la lance mollement sur ses genoux.

« Et hop. Petit déjeuner au lit. Admirez la qualité du service ! »

Pendant qu’il reprend des forces, je tente un retour à la verticalité, mais le sol se met à tanguer un peu trop à mon goût. Je suis une femme qui sait apprécier un peu de déséquilibre dans son quotidien, mais si c’est au prix d’une commotion cérébrale, je préfère m’abstenir. Aussi je me rassois aussi vite que je me suis levé.

« Bon quand t’auras fini la popote j’aurais besoin d’un bras pour aller me chercher un tonique dans le frigidaire, parce que toute seule ça va pas le faire là. »

L’anémie, curieusement, ça estompe un peu mon besoin de dignité.
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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptyMar 3 Fév - 20:05

- J'aime pas dormir deux fois dans le même endroit.

Ça sort plus vite qu'il ne pense. Très vite, Alistair se rend compte que ça n'est pas poli. Surtout pour quelqu'un qui avait l'opportunité de lui trancher la gorge et manger sa viande. Ou du moins lui faire les poches. Notez, cette dernière option n'allait pas rendre la Dame des Ronces riche, mais elle pouvait le faire, comme beaucoup de gens le feraient : par principe.

- Trop souvent en tout cas. Par sécurité, j'veux dire. Il réfléchit un moment. Oui, ça a du sens ce qu'il raconte. Je viendrai, si je dois rester en ville. Mais pas souvent. Je viens pas souvent.

Elle le savait sans doute déjà. Le sorcier était loin de faire partie du paysage urbain de Prayvis. Un trop plein de monde était systématiquement une grande source de stress pour lui.

La poche de sang atterrit sur ses genoux, alors qu'il frissonne encore à penser aux foules anxiogènes. Son cœur manque un battement, puis se met à battre plus fort et plus vite. Du sang. Tout frais. Pour lui.

Du sang.

Chaque fibre de son corps en a besoin. Chaque muscle endolori réclame sa gorgée. Et il y en a largement assez pour lui rendre sa vigueur habituelle. Alistair arrache le plastique avec ses dents, avant de coller avidement la bouche contre l'ouverture. S'il le pouvait, il la viderait en apnée. Il doit cependant s'interrompre plusieurs fois avant de tout boire. Son corps assimile le liquide plus rapidement qu'il ne l'aurait fait avec de la nourriture ordinaire. Chaque pore aspire de l'énergie, rendant au modeleur sa force ordinaire.

Une petite réserve se constitue même, en prévision d'un modelage futur. Ses sens s’aiguisent, en particulier celui concernant les corps humains.

- T'es mal en point. Tu devrais manger.

Elle s'assied et lui demande d'aller lui chercher quelque chose. Le frigidaire est déjà un terme bien compliqué mais qu'Alistair finit par saisir. L'armoire à froid, oui. Le tonic, il sait ce que c'est supposé faire aussi. Mais par contre...

- C'est lequel ?

Il ne faut pas compter sur lui pour lire les étiquettes.

Finalement, guidé par les explications de la maîtresse des lieux, il trouve et lui apporte la bouteille qu'elle lui avait demandée. Il l'ouvre même et s'assure qu'elle arrive à boire. Telle qu'il la ressent, sa santé n'est vraiment pas terrible. Le problème, c'est qu'elle n'a pas vraiment de blessures. Elle est juste... Usée. A moins de passer deux jours à lui faire bouffer un mec et à imprégner son corps d'énergie... Ben, Alistair ne pouvait pas faire grand chose.

- Ça va aller ?
Il hésite. Heu... Moi, ça va. Merci pour le sang. T'as besoin de quelque chose ?
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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptyMar 3 Fév - 21:11

« Une fois de temps en temps, ça me va. » Surtout que je ne perds pas espoir de convaincre la mère Beaupied de me laisser veiller sur son fils.

La récupération du tonique, en revanche, s’avère être une autre paire de manche…

Finalement, au bout de dix minutes, et à force de Non, la rouge !’, ‘L’autre rouge !’, et autres ‘Celle encore à côté, là. La petite !’ du même acabit, je finis par lui faire attraper la bonne fiole. Une partie de moi reste convaincu que ça aurait été plus vite s’il m’avait porté mais je ne sais pas si mon cœur aurait survécu au voyage. Le modeleur était un charmant personnage, et le genre de type à qui je ne refuserais pas une danse un soir d’obscène beuverie, mais de là à le laisser me trimballer comme un fagot de paille dans mon laboratoire, à jeun en plus, il y avait un monde.
Enfin bon. Quand il revient vers moi il me regarde comme si il avait jamais vu quelqu’un faire un malaise vagal. Il a l’air à deux doigts de me coller mon tonic dans la gorge lui-même pour s’assurer que je ne claque pas dans la minute, alors je le rassure d’un « Fais pas cette tête, j’ai un coup de mou, j’suis pas dans la tombe ! » avant de m’enfiler la moitié du flacon.

Ça ne rassure pas vraiment le type qui continue à s’enquérir de ce qu’il peut faire pour m’aider. C’est honorable, dans le fond, mais inutile. Fermant les yeux un instant, je lève un doigt, comme pour lui faire la leçon.

« Mmh… Faut laisser deux secondes à la magie pour opérer… et… »

J’ouvre une petite parenthèse pour parler de mes toniques, parce que je fais un boulot formidable et que si je ne me jette pas des fleurs de temps en temps, personne ne va le faire à ma place. Alors oui, la mixture n’a pas franchement un goût gastronomique – plutôt quelque chose entre le navet sans sel et l’endive détrempée – mais question efficacité, vous ne trouverez pas mieux sur le marché. Qu’il s’agisse de se donner un coup de fouet avant d’aller à la baston, ou bien de relever une anémique d’entre les morts, j’ai probablement le tonique qu’il vous faut. Et le plus beau dans tout ça ? La jolie montée d’adrénaline est pratiquement instantanée.

Elle est pas belle la vie ?

D’un seul coup, je sens que ça monte. Mes yeux s’écarquillent, mes poumons se remplissent d’une inspiration presque douloureuse, et tout en expirant, je secoue la tête pour en chasser le fourmillement qui accompagne la bouffée d’énergie. Après toute une journée passée sous relaxants, ça décoiffe sec, mais ça n’est pas pour me déplaire. Et puis ça fait son petit effet auprès de mon hôte, ce qui est toujours bon à prendre, en tout cas pour mon ego. 
Du coup je rajoute un petit « Tadaah! » en agitant les mains. 
 
Je me relève avec un sourire satisfait et je contourne le modeleur pour aller remettre ma fiole au frigo. La fatigue a quitté le moindre de mes pores. Une petite injection d’EPO ce soir et je serais comme neuve demain matin. Toute fraîche pour essayer ma nouvelle recette de Laudanum, probablement. Ou peut-être juste un peu de Valériane. Avec une bonne cigarette… Mh.

« Oh ! D’ailleurs… » Je me retourne vers lui, me rappelant quelque chose. « La question me taraudait l’autre jour, et je sais même pas si c’est possible, mais si un jour t’avais envie d’essayer d’épicer un peu ta consommation de sang, viens me voir. J’ai quelques idées sympathiques. Que ça soit du récréatif ou simplement pour rajouter un petit quelque chose en plus, je serais ravie de servir d’intermédiaire. »

Et par intermédiaire j’entends l’équivalent humain d’un shaker à cocktails, mais ça n’est qu’un détail. Quitte à satisfaire ma curiosité, autant que ça soit donnant donnant. Et puisque mon corps – et mon sang en particulier – était régulièrement le récipient de tout un tas de substances sympathiques, il n’y avait pas de mal à en faire le commerce, si la chose trouvait un acheteur. Particulièrement un acheteur sympathique, et avec un accès de premier ordre à une flore très précieuse.
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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptyMar 3 Fév - 22:18

Pendant un moment, Alistair en vient à se demander s'il n'a pas affaire à un genre de magie qu'il n'aurait simplement pas encore rencontré. Ce que dégagent les chairs de la jeune femme se fait de plus en plus fort, jusqu'à revenir à un état qu'on peut clairement qualifier de "vivant". Elle n'est toujours pas un exemple rayonnant de santé, mais le progrès est vraiment net. Ah, les plantes.

Le modeleur savait assez bien où trouver celles qu'il pouvait manger. Son maître lui avait appris aussi à utiliser l'une ou l'autre dans des buts différents. Mais la Dame des Ronces était réputée pour ses connaissances. Sa science était précieuse et le sorcier savait que son nom était une référence en matière de soins divers et variés.

Elle se relève d'un bond un peu exagéré.

- Ben... C'est bien, ça.

Après tout, Alistair a mangé et de toute façon il ne souhaite du mal à personne, ça n'est pas son genre.

Ensuite, il écoute la proposition de la Dame. Il fronce les sourcils.

- Quoi ? Quelques instants passent, la lumière se fait dans son esprit. Elle a utilisé beaucoup de mots très compliqués pour exprimer une idée simple. Tu... manges tes plantes et je bois ton sang ? C'est ça ? Tu veux voir ce que ça fait comme effet.

Il hausse les épaules. En général, le sang des drogués, ça fait pas de tort. Pas plus que celui des malades ou des alcooliques. Et la raison est simple.

- En général, je nettoie le sang, avant de boire. Pour garder l'énergie. Mais je peux le faire un peu moins. Faut juste qu'on fasse gaffe. Quand j'hallucine, j'ai tendance à me défendre et tout...

Oui, je pourrais te manger, te confondant avec un voyageur isolé...

- Un autre jour, d'accord ? Tu ferais mieux de te reposer, quand même.
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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptyVen 6 Fév - 16:35

« Tu... manges tes plantes et je bois ton sang ? C'est ça ? Tu veux voir ce que ça fait comme effet. »
 
A sa décharge, il ne semble pas beaucoup plus désarçonné par la demande que par la façon dont je l’ai formulé, ce qui me conforte dans l’idée qu’il était la bonne personne à consulter pour cette histoire.
 
« A peu de choses près oui. Vous les modeleurs vous avez un métabolisme tout à fait fascinant. »
 
Curiosité et Morbide auraient pu être mes deuxième et troisième prénoms. Mais hey, il faut bien s’occuper l’existence, et la vie sur une planète comme Prayvis à cette tendance peu surprenante à rendre les hobbys plus ou moins singuliers.
 
« En général, je nettoie le sang, avant de boire. Pour garder l'énergie. Mais je peux le faire un peu moins. Faut juste qu'on fasse gaffe. Quand j'hallucine, j'ai tendance à me défendre et tout... »
 
J’acquiesce, pensive. C’était un facteur que j’avais vaguement pris en compte, sans pour autant l’envisager complètement. Il faudra que je réfléchisse au meilleur moyen d’opérer la chose sans y laisser de membres, à l’occasion.
Je lui fais signe que j’apprécie sa considération, et il en profite pour me rappeler mon état de fatigue physique…
 
« Mh… Ne t’en fais pas pour moi. Je suis une mauvaise herbe. Il faut plus qu’un peu de fatigue pour se débarrasser de moi. »
 
Je jette un coup d’œil à la vieille horloge digitale qui trône sur mon bureau, et que j’ai eu toutes les peines du monde à régler approximativement sur les cycles horaires de Prayvis. La nuit doit tout juste avoir fini de s’installer, au dehors, et en temps normal on approche de l’heure où je commencerai à considérer la retraite horizontale au fond d’un sac de couchage.
Sauf qu’avec le taux de caféine qui voyage dans mon sang à cet instant, ma nuit s’annonce quelque peu chaotique. La perspective du sommeil est bien lointaine, et, à mon avis, ne me séduira pas avant le lendemain. Mais j’ai des choses à faire. Largement de quoi m’occuper jusqu’à l’aube, et ensuite je pourrais faire les premières heures du marché entre le moment où les créatures de la nuit s’endorment et celui où les honnêtes travailleurs se mettent en marche.
 
« Je vais aller fumer un peu. Devant la boutique. Tu m’accompagnes ? »
 
J’attrape le paquet au fond de son tiroir alors qu’on passe devant la caisse. Un bruissement de feuilles curieux monte des lianes tressées à notre arrivée, mais ma présence, familière et redoutée, suffit à persuader les plantes de s’écarter sur notre passage.
 
Charmantes petites créatures que les Clématites Féroces – surnom donné à ces plantes grimpantes par la propriétaire précédente – et leur évolution à mi-chemin entre les réflexes chimiques  de la plante, et l’instinct primitif de l’animal. Dotées d’un venin particulièrement dissuasif, et d’un ’odorat’ moléculaire extrêmement poussé, elles étaient plus efficace que le plus belliqueux des chiens de garde. Et plus facile à nourrir, qui plus est.
 
J’ai perdu quelques clients à causes du zèle ces petites chéries, mais question sécurité elles valent leur pesant d’or…
 
« Evite de toucher les plantes par contre. »
 
Il doit s’en douter, vu mon domaine d’expertise et la réputation de ma boutique mais je le mets tout de même en garde, au cas où.  J’ai plus vraiment de quoi le rafistoler s’il décide soudainement d’aller s’amuser dans un rideau de lianes venimeuses.
 
L’air nocturne est d’autant plus appréciable que les effets du tonique impliquent une augmentation de ma chaleur corporelle. Le froid me saisit brusquement, à la taille, mais je respire enfin…
 
« En parlant de plantes. Merci pour celles que tu m’as ramené. Elles sont magnifiques. » « La prochaine fois, si tu peux, prend plus profond la terre, avec les racines. »
 
Pouet.
 
Je craque une allumette sous le talon de ma botte et en quelques secondes nous nageons l’un et l’autre dans un épais nuage de ma fumée de cigarillo. Je prendrai le temps de m’occuper du fait que j’enfume mon hôte dans quelques secondes ; pour l’instant, je savoure. Mon cerveau allume des petits feux de Bengale à la base de mon crâne. J’inspire trop, trop vite, et trop profondément – comme à chaque fois que je reprends le tabac – du coup, ça crépite jusque dans mes poumons, mais ça fait du bien, bordel.
 

Le type me fixe un moment, mais vu la tête qu’il faisait en sirotant mon hémoglobine, j’ai pas de leçon de bienséance à recevoir de lui. Je balaye quand même la fumée pour lui permettre d’y voir quelque chose, et marmonne un mot d’excuse entre deux inhalations de fumée.
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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptySam 7 Fév - 17:08

Métabolisme. Un mot compliqué qu'Alistair comprenait quand même. Son maître le lui avait expliqué. Il n'avait jamais rien su du passé de l'homme qui avait choisi de le former au lieu de le manger. Mais il était évident que son élève n'avait jamais atteint le niveau d'éducation du vieux.

- Nah, c'est pas ça. Pas le métabolisme. C'est la magie. J'accélère les choses que je veux ou je change mon corps. Mais c'est pas là de base. J'fonctionne comme tout le monde.

Il était évident que pour vivre seul dans une grotte de Prayvis, il fallait une santé de fer et l'estomac bien accroché au reste du corps. Néanmoins, Alistair n'était encore et toujours qu'un homme. Par la force de sa volonté, alimentée par l'énergie vitale d'autrui, il pouvait cependant obtenir ce qu'il voulait de ses organes. Les agrandir, les alimenter, les ralentir. Ses expériences sur d'autres gens lui avaient appris à arrêter et à redémarrer certains d'entre eux pour un temps limité.

- Je pourrais changer des choses dans mon corps. En permanence. Mais j'ai l'métabolisme d'un mec normal en fait.

N'ayant jamais vraiment cultivé quoique ce soit, Alistair passa à côté du sens de "mauvaise herbe". Il abandonna très vite sa tentative de saisir de quoi il était question.
Il n'en n'avait pas besoin. Très vite, il hocha la tête et se retrouva dehors avec la Dame. Fumer n'avait jamais attiré Alistair, trop dépendant de ce que la nature seule lui offrait, essayant d'éviter les vices et, surtout, les luxes de ceux qui vivaient en ville.

L'homme tapota sa sacoche pour s'assurer que ses petits blocs de plastique y étaient toujours. Il sourit tout seul, confirmant leur présence.

Elle explique que les plantes, il faut les ramener avec des racines. Pas bête. Elles tiennent plus longtemps sans doute avec la terre. Ou alors elle peut les planter quelque part chez elle comme ça. Le sorcier trouve ça intéressant. Il se concentra pour essayer de s'en souvenir à l'avenir.

- Je ferai ça, ok.

Encore quelques hochements de la tête pour montrer qu'il avait bien saisi ce qu'on lui demandait. Il décida par contre de ne plus rien dire concernant la santé de l'herboriste. Le tabac, surtout celui conditionné par les machines, n'inspirait pas confiance en termes de style de vie sain. Ce qui avait l'air de se passer dans le corps de la Dame des Ronces non plus. Mais c'était son affaire, elle s'y connaissait sans doute mieux que lui.

Silence gêné.

- Euh ouais. C'est bien tout ça. Un autre silence gêné. Sinon, ton histoire d'expériences. Tu veux faire ça ce soir ? Où je commence à rentrer chez moi ?

Oui, ça n'est pas la porte d'à côté et marcher de nuit, ça ne fait pas du tort non plus. Au moins, les prédateurs humains ont plus de mal à voir un seul homme vêtu et badigeonné de noir.

- C'est genre loin, quoi. Et j'peux pas rester dormir encore chez toi. Ça va pas le faire.
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MessageSujet: Re: Nicotiana tabacum [Alistair]   Nicotiana tabacum [Alistair] EmptySam 14 Fév - 18:34

Je le regarde se tortiller, de l’autre côté de l’écran de fumée qui s’est formé entre nous. Il a l’air mal à l’aise, gêné par le soudain manque de conversation. Ça m’arrache un sourire. Qu’est-ce que c’est que ces ermites qui ne supportent pas les silences… ?
Certes son embarras a probablement plus à faire avec ma présence prolongée que mon absence de répartie, mais tout de même. L’idée a de quoi amuser.
 
Je décide de le laisser se débattre un peu, le temps de finir ma clope, mais il me prend de court avec sa question et maintenant c'est moi qui me dévisage. La bouche légèrement ouverte, mais sans réponses à l'intérieur. Mes mots ont cette fâcheuse tendance à se faire la malle quand les endorphines débarquent en masse.
 
« Euh… Non. Non, non. Une autre fois. » 

Cette éloquence, seigneur... Pas de tâches intellectuelles pour moi ce soir, ou en tout cas pas avant d’être redescendue de mon nuage. Quant à mon hôte… Il est probablement temps de prendre congé. C’est ma seule chance. 

« Tu peux y aller. De toute façon je suis sèche comme un lit de paille. Je préférerai éviter l’anémie hémorragique si tu veux bien. »
 
C’est un peu mieux, même si c’est loin d’être un de mes plus grands moments. Si le jargon médical me traîne encore dans les synapses, tout n’est peut-être pas perdu…
Je lève mes yeux sur le ciel sans étoiles, vaguement bercée par le tambour irrégulier de mes carotides. Mon esprit tourne au ralenti, mais mon corps est comme prêt à danser la samba jusqu’au matin. Le décalage est grisant, mais n’aide pas franchement ma concentration. Je tente un rond de fumée – et j’échoue lamentablement – écoutant mon interlocuteur d’une oreille distraite.
 
 « C'est genre loin, quoi. Et j'peux pas rester dormir encore chez toi. Ça va pas le faire. »
 
Bah.
 
J’y croyais plus trop, mais quand même, je peux pas m’empêcher d’être un peu déçue. Je suppose que je devrais me contenter du fils Beaupied.
 
« Il est tard » que je répond. Dans toute ma grâce de camée. Oui, il fait nuit. C’est bien. Bravo Hyacinthe. Dix sur dix. On continue dans les généralités ou bien tu voulais en venir quelque part ? « Si tu te sens de rentrer de nuit, alors tu ferais mieux de pas trop tarder, ouais. »  
 
Je termine ma clope et l’écrase contre ma semelle. Balayant les dernières volutes de fumée du plat de la main je le salue d’un discret hochement de tête. Il tente un sourire. Je lui rends. Puis il me tourne le dos et disparaît dans l’obscurité. Je tente un dernier trait d’esprit, avant de m’en retourner pour la nuit.
 
« La prochaine fois, mange avant de venir. On prendra le dessert ensemble ! »
 
Ma voix rebondit entre les murs de la ruelle, dérangeant une chauvesouris qui en profite pour s’envoler. L’écho l’accompagne un moment puis s’éteint. Quant à moi je m’empresse de rentrer m’abriter. Les nuits sont fraîches, surtout quand on est en pleine anémie. Je ferme derrière moi – pour de bon, cette fois – et m’en vais vaquer.
 
J’ai une injection d’EPO à faire, et pour la suite, je trouverai bien une ou deux tâches en suspens pour dépenser toute cette énergie en trop. Le temps de me jeter une petite laine sur le dos, et je soulève la trappe qui mène à la cave. Il va aussi me falloir un ou deux litres d’eau pour reconstituer le sérum…
 
C’est en descendant les marches que l’idée me frappe, manquant de me faire rater une marche, et je m’immobilise.
 
« Bernique ! J’ai oublié de lui redemander son nom. »
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