Prayvis est une planète abandonnée de toute personne saine d'esprit. Il y règne un Chaos sans précédent depuis 120 ans
 
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 Daisy, ou l'amour des choux

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Daisy La Main Verte


Daisy La Main Verte

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Survie : Agriculture et troc

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MessageSujet: Daisy, ou l'amour des choux   Daisy, ou l'amour des choux EmptyMar 4 Aoû - 22:54

Nom :

Ca devait être un truc comme "Delgado"

Prénom :

Daisy

Surnom :

La main verte

Âge :

A peu près 26, ou 28. Elle a arrêté le décompte, depuis.

Origine :

Viande à date de péremption dépassée.

Raison de votre présence :

Ces fameux "crimes" dont on l'a accusée.

Orientation sexuelle :

Elle a appris à goûter un peu de tout. Pas sûre qu'un lui plaise plus qu'un autre.

Mentor(s) :

Pour ce qui est de l'agriculture et de la gestion ; ses parents à l'époque, sur la Terre. Pour ce qui est de ses faibles compétences à l'arme blanche ; c'est Chopper. Une meuf qui l'a plus séquestrée qu'autre chose.





Physique :

 
Daisy, c'est la jeune femme qui pourrait presque paraître normale. Enfin, de dos et d'à peu près cent mètres. Parce qu'une fois qu'elle se retourne, on a vite fait de comprendre. Il n'y a qu'un truc qui ne ment pas, quand on l'aperçoit de loin ; si elle semble petite, c'est qu'elle l'est. Un œil un peu exercé vous dira qu'elle doit taper dans le mètre soixante-cinq. Un œil exercé mais bourré vous dira qu'elle tape dans le hobbit. Et il rajouterait qu'on avait jamais vu de hobbit noir. Et l'autre lui répondrait qu'elle n'est pas noire, mais métisse, et que c'est important de le souligner. Peut-être même rasta -il croit mais n'est pas sûr, que rasta est un genre de synonyme, avec un accessoire en plus;-, à en juger par les dreads. L’œil bourré, lui, remarque plutôt le bandeau et la fleur dessus, qui sonne quand même vachement comme ces putains de hippies. Le narrateur lui, vous dirait que c'est sûrement une référence à son prénom, qu'à la base c'était une marguerite qu'elle a laissé fanée pendant un an, avant d'enfin se décider à récupérer une de ces fleurs bizarres qui poussent par ici.


En tout cas, les deux s'accorderaient à dire que rien que d'ici, elle a l'air un peu barjo, avec son regard éberlué et ces yeux noirs bien trop souvent écarquillés. C'est bête, elle serait presque jolie, dirait le premier. Et le deuxième dirait qu'avec ses formes, ça lui dérangerait pas de lui foutre un sac en papier sur la tronche pour lui mettre une cartouche même si, il le préciserait, il n'est pas fan des « métisses ». De l'autre côté, ça hausserait les épaules en répondant qu'avec le soleil qui tape ici, tout le monde est plus ou moins métisse, même la fameuse rousse presque pâle qu'habite au coin de la deuxième rue. En s'approchant, ils remarqueraient ses boucles d'oreilles bizarres. Et là, franchement, les deux donneraient leur langue au chat. Tout au plus, il y aurait un débat sur la problématique suivante : est-ce vraiment des boucles d'oreilles ou un genre de mutation, parce que d'ici on dirait des cornes qu'auraient été foutus au mauvais endroit, non ?


Là, elle s'approcherait pour leur dire bonjour, et ils sentiraient cette odeur prenante. L'odeur d'une personne qui travaille la terre, mais l'oeil – et le nez, du coup – exercé remarquera que ça sent vachement ce truc qu'on fume et qui rend un peu con-con pendant un moment, en plus de la patate mutante. Elle se mettraient à parler, et le premier aurait presque envie de rire de sa manière de soit chuchoter ses phrases, soit de les gueuler dans un enthousiasme sûrement du à un truc qu'on fume et qui rend un peu con-con. Puis parce qu'elle bégaie aussi. Et dit des trucs qui parfois, n'ont pas beaucoup de sens ; et là, ils se rappelleraient pourquoi ils n'avaient jamais engagé la discussion puis repartiraient à leurs affaires, l’œil bourré regrettant de ne pas avoir tenté une approche pour lui mettre une cartouche. Alors elle remettrait ses lunettes de protection -malheureusement, pas de vue- et retournerait au turbin, salir ses fringues colorées déjà bien tâchés mais que quand même, elle aimait bien.


Ces dernières années :

 
L'air commençait à manquer, là-dedans. Et de toute façon, les rares bouffées qu'elle arrivait à prendre relevaient de l'irrespirable. Un mélange de renfermé, de sueur et d'haleines dégueulasses. Elle ne savait pas combien d'entre eux, comme elle, étaient enfermés ici mais ce qu'elle savait, c'est que la peur les avaient tous rendus muets. Quelques sanglots, par moment, puis de vraies crises de pleurs. A vrai dire, les premières larmes versées avaient été les siennes. Provoquées par la terreur, certes, mais pas que. L'indignation, la colère, l'incompréhension. Sans qu'elle n'eût rien vu venir, elle s'était retrouvée là, sûrement dans la cale d'un vaisseau de transport quelconque. Et dieu seul savait où il les emmenait. Quoi que même de ça, elle n'en était pas sûre. Dieu avait été un sacré salaud, sur ce coup. Elle ressassait, ressassait sans cesse les événements de ces derniers jours, tentait de se convaincre qu'il ne s'agissait que d'un mauvais rêve. Parce que merde, ça ne pouvait être que ça, pas possible autrement ! Mais les tremblements de panique qui la secouait, à la fois les siens comme ceux des prisonniers collés à elle, lui rappelaient que, non. C'était mauvais, mais certainement pas un rêve.


Il y avait à peine quelques semaines, elle se trouvait encore dans son bureau parsemé de paperasse administrative en foutoir situé dans le Maine, aux Etats-unis. Elle remplissait calmement les contrats de vente des fruits que sa boite produisait – en grande partie des bleuets et des pommes, mais l'entreprise, grandissante avait su diversifier sa production -. Le problème de cette entreprise, qui depuis sa création était restée familiale, c'était Mansonto, la plus grande compagnie agricole et de la biotechnologie. Et pour une compagnie à but hautement lucratif, qui n'avait plus rien à prouver question pognon qu'ils engrangeait, voir ses derniers et rares concurrents subsister de la sorte, ça faisait tâche. Ces derniers disparaissaient ponctuellement, petit à petit. Concurrent voulait dire manque à gagner, et manque à gagner signifiait : on va vite s'en occuper.


Et quand on a du pognon, les possibilités en matière d'évincement relèvent de l'infini. Pour le coup, ils avaient opté pour le complot ; classique, mais toujours efficace. En plus de ça, ça avait le don de les faire marrer, chez Mansonto. Ca pousse l'imaginaire dans ses retranchements, et c'est important de le cultiver, l'imaginaire. Autant que les pommes.


Les flics avaient débarqué dans son bureau en trombe, faisant s'envoler au passage les dossiers qui traînaient, et l'avait emmenée de force alors qu'elle gueulait qu'on lui explique ce qui se passait. Une question à laquelle la cavalerie s'était fait un plaisir de ne pas répondre. Moins d'une semaine plus tard, elle se trouvait devant un tribunal accusant son entreprise d'empoisonner les récoltes à coup de pesticides prouvés comme étant hautement cancérigènes – une blague, venant de Mansonto, vraiment – ainsi que de quelques tractations pas nettes, entre autres. Bien sûr, avec les fausses preuves à l'appui et les juges corrompus jusqu'au trognon. S'il vous plaît messieurs, ne passez pas par la case « caution & amendes » et filez directement en prison, en perdant des millions. Si ça n'avait été que ça. Apparemment, Mansonto, déterminé à ne plus jamais revoir ces parasites, s'était d'une manière ou d'une autre procuré le pesticide « Prayvis ». Pour elle, ainsi que pour ses collègues les plus haut-placés : il ne fallait certainement pas que quelqu'un prenne le relais.


Elle avait beau y repenser, là, bloquée dans le noir complet, elle ne comprenait pas. Bien sûr, on avait pris soin de ne pas leur indiquer la destination. Bien plus marrant comme ça. Ca faisait combien de temps qu'ils étaient là, attendant ce qui sonnait vaguement comme un genre de peine de mort ? Beaucoup trop de temps. Assez pour les rendre fous, tous. A se demander si le voyage se terminerait un jour ou s'ils n'allaient pas les laisser crever des rats dans cette cale puante et humide. La réponse se confirma quand le vaisseau commença à trembler, violemment. Les têtes des prisonniers s'entrechoquaient et les cris de panique résonnaient contre les parois métalliques.

Une fois n'est pas coutume ; lorsque l'on arrive sur cette planète maudite, rien ne se déroule comme prévu. Peu après avoir pénétré l'atmosphère, le pilote du véhicule avait mystérieusement perdu le contrôle de sa machine, qui n'en faisait plus qu'à sa tête et se dirigeait dangereusement (et beaucoup trop vite à son goût) vers le sol. Et tout comme sa cargaison à l'arrière, il se mit à gueuler après avoir abandonné tout espoir de manœuvre salvatrice. Le vaisseau heurta le sol violemment dans un bruit assourdissant et continuait sa course vers l'avant, tout en rebondissant. La porte de la soute fut arrachée, et les quelques prisonniers mal placés se retrouvaient largués comme du leste, percutant le sol à pleine vitesse. Des têtes explosée, des membres déchiquetées et des hurlements à glacer le sang. Le véhicule semait derrière lui une longue traînée de sang et de cadavres, ou futurs cadavres.


Daisy, aveuglée par ce premier contact avec la lumière depuis un moment se trouva un point d'accroche en tâtonnant et, ô, pour rien au monde elle ne l'aurait lâché. Elle ne voyait pas ce qu'il se passait, mais l'audio-description du programme ne lui donnait pas envie d'en savoir plus. Finalement, l'avant du véhicule percuta un rocher et le vaisseau se retourna à la verticale, puis, après deux pirouettes déchirantes, s'arrêta. Daisy s'était retrouvée projetée lors de la dernière, une quinzaine de mètres plus loin et inconsciente.



Daisy se leva lentement, complètement sonnée. Son sang coulait d'une plaie au-dessus de son front, venant aveugler son œil droit puis se mélanger au sable pour former une boue visqueuse et dégueulasse sur la moitié de son visage. Elle avait beau se trouver dehors, l'air lui semblait toujours irrespirable, la chaleur atroce et le sable beaucoup trop intrusif. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il s'était passé ? Elle se rappelait la cale humide et les pleurs, puis d'un coup, plus rien. Une odeur de brûlé et de carburant agressa ses narines et attira son attention. Derrière elle se trouvait la carcasse du vaisseau, du moins, une moitié. Les yeux exorbités et le cerveau toujours en veille, elle se rapprocha doucement. La tête du pilote explosée dans la vitre du cockpit grimaçait d'un rictus ignoble, ses dents restantes rougis par le sang d'un de ses yeux crevé d'un morceau de verre. Le cadavre (ou peut-être pas tant mort que ça, se dit Daisy le temps d'une seconde, ce qui lui glaça le sang) fut pris d'une convulsion violente, faisant sursauter (mais pas hurler, elle n'en serait plus capable avant un moment) Daisy. Elle s'éloigna en vitesse vers l'arrière de son ancienne prison, peut-être dans l'espoir d'y trouver des survivants, elle-même n'en savait rien. Mais à part les quelques mares de boue rougeâtres, rien. Oh, si, peut-être ce réacteur en flamme un peu plus loin, près du rocher. Oh, et peut-être que ces mares n'étaient pas faites que de sang. Mais de carburant.


Cette fois-ci, ses pensées se rassemblèrent bien assez vite. On verra pour la prochaine fois, les survivants. Si elle voulait en rester une, il lui fallait courir. Alors elle couru, plus ou moins. Elle trottinait, surtout, avec pourtant l'impression de filer aussi rapidement qu'elle le pouvait. Un vague bruit d'embrasement résonna derrière elle, ou alors, c'est du sang, très, très explosif se dit-elle, avant de se faire remarquer à elle-même que c'était une pensée totalement absurde et qu'elle avait bien mieux à faire de son énergie que de le gaspiller en remarques décousues. Et pourtant, c'était la seule chose qu'elle pouvait faire actuellement. Une vaine tentative de transformer le cauchemar en une sorte de blague. Et ça ne marchait pas, pas du tout. Un cauchemar avec une pointe d'humour, tout au plus.


Le souffle de l'explosion la propulsa plusieurs mètres plus loin et Daisy, après quelques roulades, se retrouva sur le dos. Le cockpit et son pilote encastré vola à peine un mètre au-dessus d'elle, et le cadavre borgne avait l'air de bien se moquer lorsqu'il passa en trombe, prenant soin de l'arroser d'un peu de son sang frais, avant de finir contre un autre rocher. Elle laissa échapper un long soupir de soulagement et resta ainsi un moment, allongée dans le sable brûlant et irritant. D'un revers de la main, elle essuya le sang autour de son œil, espérant de récupérer bien vite cette moitié de vision.


Bon, et maintenant, il fallait reconsidérer la situation. Seule, blessée, désert... La conclusion n'était pas compliquée. Ca pue du cul. Et personne n'aurait dit mieux.




_-_

Ca faisait un moment maintenant qu'elle déambulait vers nulle part. A droite, il y avait du sable. A gauche, du sable avec des petits rochers éparpillés un peu partout, comme laissés par un petit poucet géant et bourré. Devant, elle n'en savait rien à cause du soleil qui lui cramait les rétines (mais elle trouvait ça rassurant, de marcher vers le soleil). Et derrière, au loin, une silhouette un peu difforme qui semblait la suivre. Daisy s'arrêta, buguée par l'information qu'elle venait d'assimiler. Une silhouette difforme ? Silhouette, je veux bien, à la limite. Mais difforme... Elle hésita à se retourner, espérant que ce n'était qu'une légère hallucination provoquée par son exposition au soleil, ou peut-être parce qu'elle avait perdu ses lunettes de vue pendant le crash, ses bonnes vieilles lunettes qui lui permettaient de voir à plus de vingt mètres devant elle sans que tout ne soit... difforme.

Daisy fuyait à travers le désert, et la chose difforme la suivait.

_-_

Elle se demandait si c'était une chance d'avoir trouvé cette grotte ou non, alors que la nuit tombait. Certes, elle dormirait plus ou moins à l'abri ce soir, mais ces personnes semblaient beaucoup trop louches. Tous avaient les cheveux en pétard, et un air sacrément malsain affiché en permanence sur leur visage torturé. Et pourtant, ils ne lui voulaient aucun mal. Du moins, c'est ce qu'ils prétendaient. La grotte devait être aménagée depuis un moment, à en juger par tous les débris qui juchaient l'endroit. Des genres de matelas improvisés ponctuaient le sol graveleux de la grotte. Un sol qui lui filerait des hémorroïdes bien plus rapidement que son ancienne chaise de bureau, se disait-elle, si elle restait assise là plus longtemps. Au centre du petit cercle d'humain réunis, trônait un feu de camp fais à la va vite qui crépitait, au-dessus duquel cuisait un morceau de viande embroché. Ca ressemblait à du porc, mais il y avait quelque chose de différent. L'odeur et la fumée l'étouffaient, et plusieurs fois elle cru bien mourir d’asphyxie dans sa propre toux. Daisy restait dans un mutisme parfait, un peu à l'écart et la tête baissée, tandis que les autres discutaient et riaient, même. Et elle se demandait comment ils y arrivaient, dans ce qui ressemblait à la plus grande reproduction de l'enfer dans la galaxie. Peut-être même que ça l'était, que l'accident de vaisseau l'avait tuée et qu'elle allait pourrir ici pour l'éternité. Qu'elle allait mourir éviscérée par un truc difforme, puis réapparaître, et cette fois mourir écartelée, puis violée. Et ainsi de suite.

D'après ce qu'elle avait compris, l'histoire de ces gens ressemblait à la sienne. D'anciennes personnes civilisées, nées sur des planètes civilisées et qui pourtant avaient fini ici. L'un des habitants de la caverne, un trentenaire aux cheveux bruns,- ou alors châtain mais très sale-, avec une longue barbe tout aussi sale récupéra le morceau de viande. Il en bavait presque, constata Daisy, et il commença à couper le tout dans des parts vaguement équitables. Elle récupéra le morceau brûlant qu'on lui tendait et le garda dans ses mains, ses yeux fixés dessus. Le groupe autour d'elle commença à psalmodier un genre d'incantation étrange avant de se mettre à dévorer la bidoche tout juste grillée. Apparemment, ils n'en mouraient pas, et aucun bouton dégueulasse plein de pus n'apparaissait. Du moins, en dehors de ceux qu'ils avaient déjà, sûrement dus à leur hygiène plus qu'à leur régime alimentaire. Alors elle se décida à croquer.

Certes, Daisy n'avait jamais été grande fan de viande, préférant ce qui sortait de la terre plutôt que le sang d'une créature sur patte, mais celle-là lui semblait vraiment dégueulasse. Bien plus que cette langue de bœuf que lui avait fait mangé son père quand elle était plus jeune. Elle avait bien essayé d'imiter une technique de dessin animé pour en réchapper, mais un morceau de viande dans un pot de fleur, ça semblait plus louche que le punch dégoûtant fait par un voisin lors d'une petite fête et qu'on a pas envie de vexer. Et là, il n'y avait que des cailloux à nourrir. L'homme à la longue barbe dégueulasse remarqua son dégoût.

« Ne t'inquiète pas, on s'y habitue à force, lui dit-elle, quoi que certains ont direct apprécié, hein Jack ? Le fameux Jack, un type dans la quarantaine avec une coupe de cheveux à géométrie variable se contenta de rire bêtement, avant de se réattaquer à son morceaux.
-S'habituer à quoi ? Osa Daisy, presque dans un murmure, trop intimidée pour parler plus fort.
-Au goût amer de la viande de racaille, précisa-t-il, croquant également sa bidoche. Daisy porta le regard de nouveau sur ce qu'elle tenait entre les mains, tentant d'oublier ce goût qui persistait dans sa bouche.
-De racaille ?... C'est une créature d'ici ? Elle avait presque peur de la réponse, pensant avoir mangé un de ces trucs difformes qui traînaient dehors.
-Si on veut ouais. 'Fin, c'est surtout la viande des enculés qui viennent nous emmerder dans l'espoir de nous piller. Ca manque pas ici, alors question approvisionnement on s'en sort pas trop mal. Niveau goût c'est pas top, sauf pour Jack -rire bête-, mais on fait avec. Contre mauvaise fortune, bon barbuc'. »

Daisy écarquilla les yeux, à tel point qu'on aurait dit qu'ils tentaient de quitter leur orbite. Elle essaya de répondre mais ne put qu'émettre quelques bégaiements furtifs. Ok, ok. Sa respiration s'accéléra. Ils bouffent des gens. Ces types bouffent des gens. Elle baissa les yeux vers ces mains. J'AI BOUFFE DES GENS. Elle jeta le morceau dans le feu, en sursaut. Le crépitement semblait indiqué que le feu, lui, appréciait le goût délicat de la viande « d'enculé de racaille ».

« Eh bah alors ! Grondra monsieur barbe sale, on gâche pas pareille bouffe ! Il nous a donné du fil à retorde en plus, celui-là ! »

Elle se leva brusquement et évita de près le choc avec la paroi rocheuse. Elle entama une manœuvre de recul, vers la sortie.

« Ok, les gars, commença-t-elle, la voix tremblante, merci pour l'invitation, c'était sympa, on remet ça au lundi en huit, ou n'importe quel jour en huit je sais pas si Lundi existe ici, le retour des pensées décousues, mais, euh, j'ai un truc sur le feu et j'dois l'éteindre avec le bain que j'ai oublié d'arrêter de faire couler. Bye !  Elle trébucha salement, sans se blesser, et se releva en vitesse. Ahah ! Ahahah ! J'ai rien, ça va, merci. » puis se précipita vers la sortie.
« Eh, t'en fais pas on va pas t'bouffer ! On serait cons de gâcher tes belles formes pour ça !  Puis, quand il comprit qu'il ne la reverrait jamais, il se contenta de hausser les épaules. Bon app, les gars. »

_-_

Bien, retour au point de départ. Certes, elle n'avait plus soif, et la viande de racaille lui avait coupé toute sensation de faim. Mais la nuit tombait, et ainsi le froid. Ca lui semblait toujours mieux que de rester enfermée au milieu de ces fous. Voire pire, dormir avec eux. Elle n'avait que trop d'idées de ce qu'ils auraient pu faire de ses « belles formes ».

Il n'a suffit que d'une vingtaine de minutes pour que tout ne retourne au vinaigre. Entre tout ce qu'il venait de lui arriver, elle avait oublié un léger détail. Le truc qui la suivait, depuis qu'elle marchait dans le vide. Et elle avait dans l'idée que ce dernier et la chose qui se trouvait en face d'elle étaient bien les mêmes. D'après Daisy, ça ressemblait vaguement à un humain. Sauf que l'un de ses bras faisait le triple du volume de son autre, qu'une jambe était bien plus courte que l'autre, que son sourire était de travers et qu'il était bossu. A un niveau très avancé, se précisa-t-elle. Elle n'arrivait pas à savoir si c'était pire, ou mieux que ce à quoi elle s'attendait. En revanche, elle était prête à parier que quelques soient les intentions du bossu, elles ne pouvaient être bonnes. Ce dernier s'arrêta à quelques mètres d'elle, la fixant d'un air bête, puis fouilla l'une de ses poches. Daisy voulait courir, persuadée qu'il allait en sortir un flingue, ou même un lance-roquette portatif, pourquoi pas, la cohérence semblait avoir disparue sur cette planète. Et même si elle voulait courir, elle n'y arrivait pas.

Finalement, dans un calme presque imperturbable, le bossu en sorti un petit objet qui lui semblait familier.

« Tenez, je crois que c'est à vous. Ca vous sera utile. Vous l'avez perdu près de votre vaisseau, j'ai essayé de vous appeler, mais vous ne m'avez pas entendu. Et je suis un peu lent, ça fait un moment que je vous cours après. » lui dit l'homme aux jambes pas faites pour courir.

Daisy resta complètement bouche bée. Outre sa forme affreusement dégueulasse, il fallait le dire, le bossu s'exprimait parfaitement bien, n'écorchant aucun mot comme le faisaient les types de la grotte à racaille. Et surtout, ce bossu venait de la suivre toute une journée pour lui remettre... lui remettre quoi ? Elle s'approcha, timidement et reconnu ses lunettes. Pour lui remettre ses putains de lunettes qu'elle avait putain de perdu là-bas. Intactes, qui plus est, si on omettait le sable incrustés sur les branches. Cette planète regorgeait décidément de personne putain de bizarres. Complètement tarés, même. Qu'est-ce qu'il allait lui demander, en remerciement ? La fister de son bras de l'épaisseur d'un tronc ? Oh non, non non, pas question qu'elle récupère son bien. Trop dangereux. Pourtant il semblait sincère, et elle cru voir de la gentillesse dans ce rictus douloureux.

Mais elle n'eut pas le temps de faire plus. Ce qui devait être un moteur gronda au loin. Puis, deux seconde après, la tête du bossu éclata dans une explosion de sang et de morceaux de cervelle. Le corps sans tête tituba vers elle, lâcha les lunettes qui allèrent se détruire contre une petite pierre, puis s'effondra à ses pieds, le sang qui giclait des veines de son cou comme un volcan en éruption. Daisy hurla, d'abord, puis le son disparu, alors qu'elle croyait pourtant bien crier. Elle était recouverte des restes du bossu et tomba à genou, complètement sous le choc.

Le vrombissement du moteur s'approchait, et elle distingua un genre de véhicule à deux roues venant dans sa direction. Quelques secondes plus tard, il dérapa devant elle, soulevant une vague de sable qui vint recouvrir le cadavre sans tête encore sanguinolent. Daisy fut rassurée de constater qu'une femme conduisant l'engin. Cette dernière, une presque belle femme aux cheveux longs ternis par le sable et remplis de nœuds descendit de son deux roues, d'une façon que Daisy trouva furieusement classe. La motarde lui tendit une main, et de la sienne, tremblante, elle l'attrapa pour se relever. C'est là qu'elle remarqua l'espèce de fusil de sniper accroché à son engin, et qu'elle comprit bien vite.

« Il était moins une, hein ? Ce truc allait te sauter dessus. J'me suis dit, attends ça c'est un boulot pour toi Chopper, sauver d'la minette en détresse. V'là l'résultat. Qu'est-ce qu'on dit ?
Daisy tenta de parler, de lui expliquer que monsieur le bossu ne comptait pas l'agresser, ni même tenter un falcon punch de son trop gros bras. Elle tremblait, pleurait presque.
-Il... il... mes lunettes.
-Exactement ! T'aurais fini la tête dans la lunette des chiottes si j'avais laissé faire deux secondes de plus, quand bien même y'ai pas de chiottes à trois kilomètres à la ronde, c'est vachement imprévisible ici.
Tu m'étonnes, pensa Daisy, le genre d'endroit ou tu peux voir débarouler une tarée au plein milieu de nulle part exploser la tête d'un autre mec tout aussi taré sur une simple supposition. Bien sûr, souvent dans l'histoire, la personne sort d'une grotte de cannibales et ne sait pas où aller.
-T'en fais pas ma belle, j'vais t'emmener en sécurité et t'auras bien le temps de me remercier là-bas, s'tu vois c'que je veux dire.

Qu'avait-elle pensé déjà, au sujet du soulagement de voir une femme ? Ce soir-là, ce n'était pas avec un bras de la taille d'un tronc qu'elle s'était faite fister.

_-_

Elle vécu un bon nombre de jours après ses premières heures sur Prayvis. A peu près six cents, d'après elle, et presque autant de saloperie qui lui était arrivées. Ca allait un peu mieux pourtant, depuis un petit moment. Daisy avait fini par arriver dans une petite ville, sécurisée par des mercenaires, pas très loin de Lago-City, « capitale » qu'elle avait eu le malheur de visiter, pour des raisons qu'elle préférait oublier. Elle n'avait jamais eu l'air dangereuse, seulement un peu dégénérée, avec ses yeux écarquillés. Les mercenaires lui avait demandé, grossièrement, ce qu'elle venait foutre là et qu'on l'attendait sûrement autre part, hein ?

« On a pas besoin d'autre bouche à nourrir. Z'avez de quoi faire du troc ? Non ? Alors ça dégage, hop, hop. »

Daisy réfléchit. Elle savait qu'elle pouvait leur être utile. Parce qu'elle avait repéré les serres, derrière la ville. Parce que l'agriculture, ça la connaissait, depuis qu'elle avait commencé comme main d’œuvre dans les champs de son père. Et sûrement que tous ces bouseux n'y connaissaient rien. Elle essaya de trouver un moyen de faire passer l'idée.

« Mais, euh... je sais... planter des choux ? » Putain , les seuls mots qui lui vinrent à l'esprit étaient ceux de cette contine débile pour enfant qu'on lui avait beaucoup trop fait chanter lorsqu'elle était gosse. L'un des mercenaires leva le sourcil.
« A la mode de chez nous ? » continua-t-il, et explosa de rire.

Et après maintes palabres plus tard, de mercenaires content de rencontrer une terrienne et d’entretien d'embauche officieux, les portes de la ville s'ouvrirent, ainsi que celles des serres.

Ca faisait un petit moment maintenant, qu'elle y travaillait. On l'avait nommée pour être plus ou moins la chef de l'agriculture de la petite ville, parce qu'elle avait eu raison : ces bouseux n'y connaissaient rien et le rendement était pitoyable. Alors on la laissait faire. Tout le monde la trouvait complètement barrée, mais putain, qu'est-ce qu'elle s'en sortait bien les mains dans la terre.



Talents :

  L'agriculture ; c'est ce qu'elle maîtrise le mieux, vu qu'elle est née dedans. Certes, elle a eu un temps d'adaptation sur Prayvis, mais depuis, elle a les choses en main et connait par cœur ses produits.
Apothicaire ; Elle sait concocter pas mal de choses, avec ses plantes et ses légumes mutants. Surtout des drogues, qu'elle consomme beaucoup.
Le troc ; Parce que c'est elle qui s'occupe d'aller vendre le surplus de bouffe à l'extérieur de la ville et qui prend en charge les tractations. C'est différent de ce qu'elle faisait sur terre, mais elle a le commerce dans le sang.

Pour ce qui est des armes, elle n'est pas foutue de tenir une arme à feu, elle tremble trop pour ça. Elle s'en sort un peu mieux à l'arme blanche -enfin, surtout les armes contondantes en tout genre comme une massue ou un pied de table-, mais c'est pas vraiment ça. Le combat, c'est pas du tout son truc et à part si on touche à ses plantations, elle voudra fuir.

Problème de vue : Ouais, depuis qu'elle a paumé ses lunettes en arrivant elle a pas été foutue d'trouver un palliatif. Alors si vous tenez un panneau "Vas te faire enculer" un peu trop loin, elle lira "Je t'aime tant."



Autres :

Dans ses serres, y'a une partie "truc louches". Elle y fait pousser de quoi créer ses drogues. La plupart, elle les consomme, le reste, elle les vend. On la laisse tranquille, vu que c'est la seule dans les parages à savoir le faire, on aimerait pas qu'elle disparaisse de la petite ville. Et du coup, elle doit éprouver tous les problèmes d'addictions qui vont avec. En plus de la dégénérescence d'un cerveau déjà bien amoché par ce qu'elle a vécu.


HORS JEU

+ Comment avez-vous découvert le Forum :


=> On m'a chuchoté son doux nom à mes oreilles, et j'ai décidé de répondre à l'appel. ♥

+ Avez-vous des conseils/des remarques le concernant :


=> CA PETE SA RACE. PUTAIN. J'ADORE.

+ Votre disponibilité (moyenne) :


=> En général, j'suis entre le rapide et le très rapide. Au cas, si j'ai une baisse de régime, je préviens.

Pour finir, j'espère que la lecture vous a plu. Et grand merci de m'avoir lue. ♥
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Alistair


Alistair

Messages : 148
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MessageSujet: Re: Daisy, ou l'amour des choux   Daisy, ou l'amour des choux EmptyMer 5 Aoû - 7:57

Eh bien en voilà un personnage intéressant Smile

Je n'ai pas pu te valider hier soir, j'étais sorti (pour une fois que ça arrive ^^) mais maintenant j'ai tout lu et je te souhaite la bienvenue sur Prayvis ! Je suis quand même curieux de savoir qui exactement t'a murmuré le nom de cette petite planète ?

Bref : fiche validée !
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Daisy, ou l'amour des choux

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